Etudes sur les patronymes

Au nom du père ou de la mère!

 

N

otre système français de nom de famille, tenant le plus  souvent à un nom de métier, une particularité ou un nom "topographique" est relativement récent et est d'une diffusion limitée sur la planète.

En EUROPE, l'ajout d'un surnom au prénom est très répandu car le seul prénom pouvait prêter à confusion. Commençons par exemple avec l'ISLANDE où les gens s'appellent par leur prénom, suivi du  prénom de leur père et de la mention "fils de"  (SON) ou "fille de" (DOTTIR). Dans le passé, le prénom était parfois le nom complet du père, exemple : Egill SKALLAGRIMSSON - Egill fils de Grimm le chauve et Nina TRYGGVADOTTIR - Nina fille de Tryggvi. Cette méthode s'applique dans les autres pays scandinaves avec des variantes quant au suffixe. En RUSSIE nous retrouvons les suffixes « sky » pour les garçons et « skaya » pour les filles (Ex : Youri BANDAJEVSKY et Galina BANDAJEVSKAYA). Autre exemple avec les pays arabes (ou assimilés) qui utilisent Ben ou Ibn. Nous n'oublierons pas nos cousins britanniques avec les "Mac Leod" ou les "O'Brian". En ESPAGNE l'enfant reçoit le premier nom du père et le premier nom de la mère : Frédérico GARCIA LORCA, et l'on retrouve aussi la notion "fils de" avec la terminaison en ez : RODRIGUEZ - fils de Rodrigo. Chez les YANOMAMIS (en AMERIQUE du SUD), lors du passage à l'état d'adulte, les enfants changent de nom. De plus, le nom d'enfant devient alors tabou avec interdiction formelle de le prononcer.

Lorsqu'on lit les documents du début du XIXème en FRANCE, mais aussi dans le souvenir de nombreuses personnes, on se rend  compte que les hommes et les femmes du peuple sont appelées "la femme machin", "la  fille machin", « le fils intel » un peu selon le même mécanisme de référence à une autre  personne préexistante surtout parce que longtemps, le prénom de parents ou grands-parents  était souvent donné aux enfants.

L'usage du nom de famille tel qu'on le connaît aujourd'hui en France a commencé à se répandre à partir du 12ème siècle. Guillaume le Bâtard, puis le Conquérant (en 1066) n'avait pas de nom de famille, mais sa petite fille Mathilde en épousant Geoffroy PLANTAGENET a donné un patronyme à ses descendants.

En août 1539, FRANCOIS Ier franchit un pas décisif avec l'ordonnance de VILLERS-COTTERETS qui impose le français comme langue officielle au détriment du latin et la tenue des registres de baptêmes et de décès. Les surnoms sont comme cela devenus des patronymes, exactement comme les particularismes ou des métiers. A noter que la règle française veut que la particule ne soit pas prononcée, on ne dit pas "de BOURBON" mais simplement  BOURBON lorsque l'on nomme une personne par son nom.

Les femmes ont depuis le code Napoléon, gardé leur nom de naissance, qui demeure obligatoirement inscrit sur leurs papiers officiels. L'usage a voulu que dans la société elles le remplacent par le nom et le prénom de leur conjoint. La loi Roudy leur a donné le droit d'utiliser (tout en gardant officiellement leur nom de naissance), non seulement le nom de leur mari, mais aussi ceux des femmes de leur "lignée" féminine. La même loi a autorisé les hommes à utiliser comme nom d'usage (en gardant officiellement leur nom de naissance) le nom de leur femme ou celui de leur mère. Actuellement tout homme et toute femme a l'obligation de porter son nom de naissance, qui sera écrit sur les feuilles de sécu, le passeport et la carte d'identité, mais qui peut n'être mentionné que sur les documents de ce type. Par exemple, dans son travail, sur son carnet de chèque, à la poste, peut ne figurer que le nom d'usage qu'il/elle a choisi, en respectant les règles de ce choix.

La nouvelle loi « JOSPIN » sur les noms de famille vise à rectifier une partie de l'inégalité sur la transmission du nom de famille, qui devient alors nom de naissance. Dans le cas où les deux conjoints sont d'accords, le nom de naissance de la mère peut être transmis à l'enfant, avec comme règle qu'ensuite tous les enfants portent le même nom. Dans le cas de mésentente, c'est celui du père qui est automatique. Pas énorme mais un progrès.

 Bibliographie :

1 LE LIVRE DES NOMS DU MONDE ENTIER - publié par HALBERT's FAMILY HERITAGE,

2 Dictionnaire historique de la langue française (direction d'Alain REY - Le ROBERT).